Marseille : la garde à vue du policier prolongée

Son véhicule avait heurté de plein fouet samedi un adolescent, qui se trouve dans un coma profond.

La garde à vue du policier qui a renversé samedi après-midi un jeune de quatorze ans sur un passage clouté à Marseille a été prolongée de 24 heures. Le parquet de Marseille décidera de la nature des faits qui lui sont reprochés à l'issue de cette garde à vue.

Sous-brigadier au commissariat du 15e arrondissement de Marseille, le gardien de la paix mis en cause a réaffirmé pendant son audition avoir bien utilisé le gyrophare afin d'arriver rapidement à l'hôpital Nord où il devait se rendre avec deux de ses collègues, pour prendre une relève de garde de détenu. Ce stagiaire de 22 ans a passé un test d'alcoolémie qui s'est révélé négatif.

Des bandes d’enregistrement saisies

Des témoins ont mis en cause les policiers en affirmant qu'ils étaient passés au feu rouge sans avoir actionné ni leur gyrophare, ni leur sirène pour prévenir. Selon un haut responsable policier, "l'utilisation du gyrophare n'exonère cependant en rien la responsabilité du mis en cause quant au strict respect du code de la route comme tout conducteur". Les bandes d'enregistrement des conversations entre la salle de commandement de l'hôtel de police et cette patrouille ont été récupérées par l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN), saisie conjointement avec la sûreté départementale.

La victime, Nelson, 14 ans, se trouve dimanche dans un coma profond. "Le pronostic vital est engagé", a indiqué de son côté l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille.


"Quand il y a une faute, elle sera sanctionnée"

La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a assuré dimanche que si les policiers "sont dans leur tort, il y aura des sanctions". La ministre, qui s'exprimait lors du Grand Rendez-vous Europe1-TV5Monde-Le Parisien Aujourd'hui en France, a assuré qu'elle ne prendrait "pas de décision avant d'avoir une certitude". "Ça toujours été ma position, quand il y a une faute, elle sera sanctionnée. Mais, en revanche, chaque fois que des policiers ou des gendarmes ou des personnels relevant de mon ministère seront attaqués à tort, je les défendrai", a déclaré Michèle Alliot-Marie, qui a précisé que les conclusions de l'enquête devraient être connues dans "une quinzaine de jours maximum".

La voiture de police qui a mortellement renversé le jeune Nelson, 14 ans, le 23 juin dernier sur un passage clouté dans les quartiers Nord de Marseille, roulait à 70 Km/h, apprend-on de source proche du dossier.

Selon les premiers résultats de l'enquête, les traces de freinage retrouvées sur place ont permis de déterminer que le gardien de la paix stagiaire de 22 ans roulait à 70 km/h dans une zone urbaine limitée à 50 km/h.




Le policier avait actionné son gyrophare mais non sa sirène, selon les mêmes sources.

L'enquête devra maintenant déterminer si la voiture de police, qui allait assurer la relève de la garde de prisonniers à l'hôpital Nord de Marseille, est passée au rouge ou au vert. Les témoignages divergent sur cette question.

Lundi, Jacques Beaume, procureur de la République de Marseille, avait indiqué que la mission des trois policiers présents dans le véhicule ne "rendait pas nécessaire de prendre des risques au préjudice de nos concitoyens."

Le conducteur de la voiture a été mis en examen mardi pour "homicide involontaire aggravé" et laissé en liberté sous contrôle judiciaire par la juge d'instruction Carine Bargoin.

Le parquet avait requis un mandat de dépôt à l'encontre du policier stagiaire, suspendu de ses fonctions par une décision administrative.

Samedi, au terme d'une marche silencieuse qui a réuni 500 personnes, le père de Nelson avait demandé au parquet de faire appel de cette remise en liberté.